Un triptyque autour des possibles réconciliations

Après Vivantes, deux nouveaux chapitres sont créés au Festival d’Avignon 2025 : Nos vies à venir et Réuni·es. Un triptyque qui explore la possibilité de la réconciliation au cœur des vies des participant·es.

Dans Réuni·es. Aurélie Charon tend le micro à Yannick Kamanzi (Rwanda), Karam Al Kafri (Syrie/Palestine) et Sihame El Mesbahi (France/Maroc). Ils et elles sont trois sur scène chaque soir et partagent des espaces intimes, familiaux, artistiques ou militants qui ont été ébranlés par la violence des conflits.

 

Création le 16 juillet 2025 à la salle Benoît XII dans le cadre du Festival d’Avignon

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On part de Kigali au Rwanda, on arrive dans le quartier de Montclar à Avignon en passant par Damas. Je ne sais pas si on peut se dire réuni·es dans chacun de ces endroits. Mais on tente.

 

On réunit d’abord des identités multiples : Yannick est d’origine rwandaise et congolaise, Karam est palestinien syrien, Sihame a grandi en France de parents venant du Maroc. C’est déjà donc ne pas se laisser enfermer dans des cases.

 

Nous sommes parti·es ensemble à Kigali et dans le sud du Rwanda, à Butare. Chez Yannick, chez ses parents, sa famille, ses ami·es, avec Sihame et Karam. Les questions préalables à celle de se réunir sont : la réconciliation et la justice. Ça a été un programme au Rwanda après le génocide contre les Tutsis de 1994. La famille de Yannick a appris ce qui était arrivé aux leurs 13 ans après, lors d’une séance gacaca, des tribunaux populaires. Nous étions à Kigali pendant la semaine de commémoration, 31 ans après le génocide. Nous sommes allé-es voir la génération d’après : comment on se remet d’une mémoire traumatique dont on a hérité ?

Karam est retourné à Damas après 12 ans d’exil en février dernier. La question de la justice se pose fortement, les désillusions sont grandes depuis la chute du régime Assad. Même s’il n’y a pas de formule toute faite, la transmission d’expérience était forte : le père de Karam lui avait dit « demande leur, à Kigali, comment ils ont fait pour qu’on sache quoi faire ! ».

 

Sihame a grandi à Monclar, de parents arrivés du Maroc. Son père est venu à 18 ans en tant qu’ouvrier agricole, la famille a suivi des années plus tard. Sihame est la seule des frères et sœurs à être née à Avignon en France. Dès son adolescence, elle s’engage contre les inégalités sociales, part à 18 ans à Paris à Sciences Po, poursuit maintenant ses études de droit.

 

Il n’y aura pas de formule magique, mais Yannick, Karam et Sihame font le trajet de Kigali à Avignon pour mettre au cœur de leur vie, le désir de justice.